Le Rav de ma communauté a eu par le passé des comportements inappropriés avec des femmes. A présent il semble s’être amendé, peut-il continuer à exercer sa fonction ?

Certains comportements passés interdisent d’être Chaliah Tsibour, il en va de même pour cette fonction. Le Rav doit être un enseignant, un exemple et bien plus il doit être le protecteur de sa communauté. De par son mérite il doit préserver les siens de tous les maux et dangers et leur procurer bénédictions et prospérité. Il y a des fautes qui empêchent celui qui les a commise de produire ces bienfaits et cela malgré le repentir.

Y a-t-il des recettes miracles pour réussir sa vie de couple ? Pour réussir l’éducation de ses enfants ?

Les sages disent que la réussite du couple est aussi difficile à réaliser pour D… que la déchirure de la mer devant les enfants d’Israël. De même qu’il est « difficile » de partager, sectionner, diviser en plusieurs parties une seule et même entité ainsi est la difficulté de faire de deux entités distinctes un seul et même corps. La réussite réside dans la faculté de se « déchirer » pour faire une place à l’autre. Cette déchirure est la simple mise en pratique des Midoths. Il est indispensable de lire et de relire sans cesse les ouvrages de Moussar comme le « Méssilat Yécharim » ou le « Tommer Déborah » afin d’apprendre et d’acquérir les qualités qui permettrons une vie de couple harmonieuse et apaisée. L’éducation des enfants s’inscrit dans cette continuité. Il est essentiel que les parents soient pour les enfants l’exemple à suivre. A cela il faut ajouter une vigilance de tous les instants conjuguée à de nombreuses prières.

Les prophéties annoncent les pires calamités pour le genre humain, elles précèdent la venue du Machiah. Sont-elles à prendre au sens littéral ? Pour qui alors se produira le salut tant espéré si le monde subit de telles destructions ?

Le prophète annonce un temps ou le lion et l’agneau cohabiteront dans l’harmonie parfaite. Le Rambam dit à ce sujet qu’il s’agit d’une parabole et que les versets ne doivent pas être compris au sens littéral. Il ajoute que nul ne sait interpréter les textes qui parlent de la fin des temps, ce sont des énigmes dont le sens est voilé. Il est inutile de chercher à les expliquer, s’occuper de ces sujets dit-il n’ajoute ni crainte ni ferveur dans le service divin. Votre remarque est intéressante en effet, si l’apocalypse doit précéder le salut pour qui se produira-t-il ?

Y a-t-il compatibilité entre Torah et sciences ? Peut-on trouver dans les découvertes scientifiques des preuves de la véracité des paroles de la Torah et des sages ?

Ce sujet est largement traité par les maitres, le Ramhal développe les deux aspects de la conduite du monde. Celle qui concerne l’ensemble de l’humanité est qualifiée de direction ronde ou globale. La destinée des nations et tout ce qui les concerne s’inscrit dans cette conduite. Les sciences qui sont le lot des nations et des peuples font parties de cette direction. L’autre conduite est spécifique à Israël, c’est la direction droite qui englobe la Torah et les Mitsvot uniquement. Ces deux principes sont comme deux parallèles qui ne se rencontrent jamais. Les maitres insistent sur le fait que jamais les textes de la Torah comme ceux des sages ne font références aux sciences. Il est inutile de vouloir valider les enseignements de la Torah par ceux des sciences.

Est-ce que la pratique des Midoths Tovot comme la modestie, la compassion, la miséricorde, la pitié, la piété, est compatible avec le rude monde des affaires ?

Il est évident que toutes les qualités que la Torah nous prescrit d’acquérir sont à mettre en pratique au quotidien. Les lois qui encadrent le monde des affaires sont répertoriées dans le Ch Aroukh, il convient de s’y plier. Toutefois il ne sied pas à un homme qui se prétend craindre D…de se contenter des strictes règles sans tenir compte des Midoths. On ne peut être un juste dans sa relation avec D …et un «requin» dans son rapport à l’autre. Chacun s’efforcera de trouver le juste milieu pour conjuguer le bon droit et la compassion et la bonté.